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Médias et masculinisme à Montréal 

1 janvier 2007

Recherche effectuée dans le cadre du projet "La décentralisation des pouvoirs dans les nouvelles structures régionales, la multiplication des partenaires et la montée de l'antiféminisme : vers un nouveau discours féministe et des stratégies d'action"

 

Introduction

Ces derniers temps nous entendons de plus en plus souvent et avec préoccupation que l’égalité entre les hommes et les femmes serait atteinte. Dans cette perspective, les actuelles revendications des groupes féministes autour des droits des femmes seraient allées trop loin, n’auraient plus de sens, ou simplement cacheraient le désir de pouvoir et de domination des féministes sur les hommes et les autres femmes.
Ce discours s’est installé dans certains groupes d’hommes et de femmes des sociétés occidentales. Dans les trois dernières décennies, et à fur et à mesure que les conquêtes des luttes des féministes de la deuxième génération se consolident dans les structures politico juridiques, nous assistons à une augmentation de la présence publique d’un discours clairement antiféministe.

Lorsque nous parlons d’antiféminisme, nous faisons référence à une façon de se représenter le monde et les rapports sociaux de sexe de façon opposée, contraire et en réaction aux principes et revendications féministes.

Ce discours est produit, approprié et réapproprié par différents types d’organisations sociales. Nous trouvons là les groupes d’hommes qui revendiquent des droits tel que le « masculinisme » contemporain, des groupes autoproclamés égalitaristes, des groupes historiquement appartenant aux secteurs les plus conservateurs des partis politiques et/ou les groupes religieux ayant une vision fondamentaliste de la vie et du monde.

Il existe aussi un courant de pensée connu comme le post féminisme, lequel a vu le jour en réaction au féminisme de la deuxième vague. Les post féministes pensent que l’égalité a déjà été atteinte. Elles accusent le féminisme d’avoir reproduit au sein de son propre mouvement les mêmes structures du pouvoir qu’elles avaient combattu. De cette façon, certaines fractions se seraient appropriées le mouvement en détriment des femmes des communautés culturelles, des femmes autochtones, des femmes les plus démunies ou les moins instruites.

Quant à eux, les groupes égalitaristes se basent sur la conviction de la complémentarité des sexes; ils supposent que l’égalité devant la loi a été acquise, et ils se perçoivent comme la troisième voie, comme l’alternative face au conflit entre féministes et masculinistes.

L’antiféminisme n’est pas un phénomène nouveau au Québec. Ainsi le témoigne l’étude réalise par F. Labbé à propos de l’analyse de la Commission Dorion 1929-1931 où l’enjeu majeur s’est posé dans la définition de genres entre féministes et antiféministes.

Dans la présente réflexion, nous allons analyser l’antiféminisme à partir des groupes organisés d’hommes autour de leur revendication des droits, phénomène connu comme le masculinisme.

L’analyse du post féminisme, ou féminisme de la troisième vague, ne sera pas envisagée. Nous n’aborderons pas les groupes égalitaristes, de très récente création et qui n’ont pas eu un impact concret dans l’opinion publique jusqu’à maintenant. L'antiféminisme des groupes fondamentalistes ne fera pas non plus l’objet de notre démarche car, dans les deux derniers siècles, ce discours n’a pas été l’objet de modifications majeures. Donc, l’analyse des féministes de la première et de la deuxième vague concernant cet antiféminisme est encore en vigueur.

Nous nous proposons de réaliser une analyse du discours masculiniste comme une expression actuelle du discours antiféministe à Montréal. Nous visons à reconnaître les leitmotivs du discours, le langage utilisé et les objectifs poursuivis.

Notre objectif consiste à effectuer une comparaison entre les discours féministe et masculiniste afin de connaître les points forts et les points faibles de chacun et chercher, par ce biais, des pistes pour le renouvellement du discours féministe.

 

Par Ruth Altminc

Présentée par la Table des groupes de femmes de Montréal au Programme Promotion de la femme de Condition féminine Canada

 

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