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La rémunération des stages: une lutte féministe

22 novembre 2018
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par Sophie Mederi pour le Regroupement Naissance-Renaissance

Depuis le début de la semaine, comme vous êtes nombreux.ses à le savoir, plus de 50 000 étudiant.es sont en grève pour revendiquer la rémunération de leurs stages. C’est ainsi que plusieurs associations étudiantes universitaires à Montréal, à Québec, à Sherbrooke, à Trois-Rivières et en Outaouais, de même que certaines associations étudiantes des cégeps Saint-Laurent, du Vieux-Montréal, Marie-Victorin et du Collège de Maisonneuve se sont dotées de mandats de grève pour la semaine du 19 au 23 novembre. En coulisse, on chuchote même qu’il y aurait possiblement une grève générale illimitée à la session d’hiver si le gouvernement fait sourde oreille face aux revendications. Bref, les étudiant.es nous font part d’un ras-de-bol collectif, et avec raison.

Au Regroupement Naissance-Renaissance, nous sommes bien placées pour savoir ce que les stagiaires en travail social et en sexologie, notamment, peuvent abattre comme travail durant leurs stages puisque nous avons la chance d’accueillir des stagiaires depuis de nombreuses années. Ces stagiaires nous permettent de mettre en place de nombreux projets qu’autrement nous n’aurions pas le temps d’accomplir, faute de financement depuis que le gouvernement a pris en grippe le milieu communautaire et le sous-finance allègrement. Et puis, devinez quoi? Nos stagiaires sont toutes des femmes.

« Les stages non rémunérés sont monnaie courante dans les professions traditionnellement et majoritairement occupées par des femmes. C’est bien connu : pour être enseignantes, infirmières, travailleuses sociales, sages-femmes ou éducatrices spécialisées et à la petite enfance, pour n’en nommer que quelques-unes, il faut avoir la vocation et une propension naturelle au don de soi. Quoi de plus normal, donc que de devoir cumuler des centaines d’heures de stage sans toucher le moindre dollar avant de pouvoir exercer sa profession… Une logique qui ne s’applique pourtant pas à leurs acolytes en médecine, en génie ou en droit. »
Source : Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE)

Nous sommes d’avis que cette lutte est hautement féministe et que la décision de rémunérer les stages ou non selon la profession est purement sexiste. Prenons le cas des étudiantes sages-femmes du Québec. Les sages-femmes sont des professionnelles de première ligne au même titre que les médecins. Au cours de leurs études universitaires de 4 ans et demi (petite aparté : on peut à juste titre se demander, ou déduire sans grand risque d’erreur, si le gouvernement a limité le cursus à 4 ans et demi, soit à une session près d’un doctorat pour limiter leur salaire), les étudiantes au bac sage-femme feront 2 350 heures de stages non rémunérées. 2 350 heures de stages à toutes heures du jour et de la nuit. Non seulement, il s’agit d’une grande iniquité par rapport aux autres professionnel.les de la santé mais ceci constitue aussi un frein à l’accès à la profession.

C’est un fait, les étudiant.es dans des programmes à forte prédominance féminine sont particulièrement touché.es par la non-valorisation du travail qu’ils et elles effectuent dans le cadre de leurs stages. Un ultimatum a également été lancé au gouvernement le 1er novembre pour qu’il instaure la rémunération universelle des stages dans l’ensemble des programmes scolaires et à tous les niveaux d’études dès le début de la session d’hiver 2019. Nous souhaitons élever notre voix avec elles et eux afin de dénoncer cette injustice et de réclamer un changement.

Co-signataires :
Fédération des femmes du Québec
Coalition pour la pratique sage-femme du Québec
Réseau des Tables régionales de groupes de femmes du Québec
Centre de lutte contre l’oppression des genres
Regroupement québécois des CALACS

Source

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