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Exclusion de la diversité au nom de la « sécurité » : les femmes trans ne sont pas la menace

July 8th, 2025
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***THIS OPEN LETTER IS ONLY AVAILABLE IN FRENCH***

4 juin 2025

 

Exclusion de la diversité au nom de la « sécurité » :
les femmes trans ne sont pas la menace

 

Réponse de la Table des groupes de femmes de Montréal

et de la Table de concertation des groupes de femmes Bas-Saint-Laurent

 

C’est avec une colère profonde et une indignation sans réserve que nous dénonçons le rapport émis par le Comité de « sages » sur l’identité de genre. 

Le dévoilement du rapport du comité s’est tenu dans un silence médiatique assourdissant, sans même la présence des groupes communautaires directement concernés. Rappelons-nous que ce comité, formé par le gouvernement, ne compte aucune personne trans ou non-binaire. Après deux ans d’attente, nous constatons que les recommandations émises par le comité sont loin de protéger les droits fondamentaux des personnes trans et non-binaires, et risquent plutôt de renforcer leur marginalisation et compromettre leur sécurité. 

Une des propositions du comité est de « respecter la situation particulière des centres d’hébergement pour femmes victimes de violence qui décident de restreindre leurs services aux femmes cisgenres ». Nous dénonçons particulièrement cette recommandation qui vise essentiellement l’exclusion des femmes trans dans les centres d’hébergement pour femmes, portant ainsi atteinte à leur intégrité et leur dignité. Refuser l’accès aux femmes trans sous prétexte que certaines femmes cisgenres pourraient ressentir « un malaise » ou « une insécurité » à l’idée de côtoyer des femmes trans est d’une violence inouïe. Il n’est pas question d’accepter ce statu quo qui priorise le confort d’un groupe au détriment de la sécurité et de l'intégrité d’un autre. 

En plus d’instrumentaliser les femmes cisgenres usagères des centres d’hébergement, cet argument se base sur une peur directement ancrée dans un manque de connaissances sur les réalités trans et non-binaires. La présence de femmes trans et de personnes non-binaires dans un milieu n’est et ne sera jamais une atteinte à la sécurité des femmes cisgenres. Alors que le rapport souligne que les personnes trans sont surreprésentées « dans les catégories les plus vulnérables, notamment parmi les victimes de violence », il nous est inconcevable que ce rapport cautionne des arguments qui dépeignent les femmes trans comme une menace à la sécurité des autres. Cette proposition perpétue la stigmatisation et isole des personnes opprimées sur la base du genre qui sont déjà vulnérables, en plus d’être un appel à la discrimination et aux violences institutionnelles envers les femmes trans. 

Au lieu de bâtir une société inclusive et solidaire, ce rapport creuse les fossés, alimente la haine anti-trans et valide les discours transphobes de l’extrême droite. Plusieurs groupes de femmes et regroupements féministes travaillent activement sur les questions d’inclusion et ont à cœur les droits des personnes trans et non-binaires, notamment dans les centres d'hébergement. Nous dénonçons ainsi les « groupes de défense des droits des femmes » qui ont tenu des propos ouvertement transphobes et discriminatoires dans leurs consultations avec le comité. Nous tenons à nous dissocier de ces paroles qui ne représentent pas les valeurs féministes que nous défendons à travers nos luttes.

Nous exigeons que le gouvernement du Québec rejette toutes les recommandations qui contreviennent aux droits fondamentaux des personnes trans et non-binaires, et qu’il s’engage fermement à combattre toute forme de discrimination. Nous exigeons que le gouvernement écoute les groupes communautaires œuvrant auprès des communautés trans et non-binaires à travers le Québec. Aucune politique ne devrait être décidée sans la participation pleine et directe des personnes concernées, comme le rappelle le slogan « rien sur nous sans nous! ». Il est grand temps que les personnes trans et non-binaires soient au cœur des décisions. 

Du fait même, nous demandons à l’entièreté des groupes féministes de lutter activement contre la transphobie dans la société et au sein même de nos milieux. Aujourd’hui plus que jamais, les femmes et les personnes trans et non-binaires doivent faire front commun face à la montée de la haine et des violences basées sur le genre. Il est temps d’arrêter de cautionner des pratiques discriminatoires et de prendre enfin des mesures concrètes pour rendre les milieux plus inclusifs et sécuritaires pour toustes. Soyons solidaires avec toutes les personnes trans et non-binaires! 

 

Anaïs Fraile-Boudreault                                                                           Carol-Ann Kack
Table des groupes de femmes de Montréal                                 Table de concertation des groupes de femmes Bas-Saint-Laurent

                                                                  

 

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